© Thierry Valérie

Anti-moustique et miaulement...

Voilà ce que les études récentes nous révèlent.

Nous vous proposons ici deux articles récemment publiés dans l’actualité scientifique sur certains comportements des chats domestiques, bien documentés mais que nous commençons à peine à comprendre ! Malgré des siècles de cohabitation, il nous reste encore beaucoup à apprendre de nos compagnons poilus…

 

** Les chats, experts de l’anti-moustique

Certaines plantes odorantes peuvent provoquer des réponses caractéristiques chez les animaux. Par exemple, les chats domestiques et autres félidés se frottent le museau et la tête contre l'Herbe aux chats (Nepeta cataria) et Actinidia polygama (une espèce de liane japonaise), ou se roulent sur le sol à leur contact. Ces effets euphorisants des « herbes-aux-chats » (à ne pas confondre avec « l’herbe à chat » qui désigne les jeunes pousses de diverses espèces de graminées ou de souchets appréciées pour leurs vertus digestives et visant à satisfaire le besoin en végétaux des chats) durent entre cinq à quinze minutes, avant une phase de repos d’une heure ou plus. Bien que ce comportement soit bien connu, sa fonction biologique et son mécanisme sous-jacent restent indéterminés. Dans cet article, les auteurs ont étudié le mécanisme neurophysiologique et le résultat fonctionnel de cette réponse des chats face à ces plantes.

 Nepeta caria ©Thayne Tuason (Wikimedia Commons CC)
Figure 1. Nepeta caria ©Thayne Tuason (Wikimedia Commons CC)

Ils mettent en évidence que le népétalactol, le plus puissant des composants actifs de ces plantes, provoque cette réponse chez les chats et d’autres félidés exposés à ce produit dans cette étude. À l’inverse, les chiens et les souris testés n’ont pas réagi. Les auteurs ont également mesuré les niveaux d’endorphine des félins avant et après exposition, constatant que la réaction au népétalactol était régulée par leur système opioïde. Des niveaux élevés d’endorphines n’ont en effet été observés qu’après exposition au népétalactol. Lorsque les scientifiques ont supprimé ces récepteurs avec des traitements, les félins n’ont également plus développé leurs comportements caractéristiques après avoir été exposés au produit chimique.

Enfin, les chercheurs ont constaté que les félins dont la fourrure avait été recouverte de népétalactol attiraient beaucoup moins les moustiques que les autres (dans certains cas, jusqu’à deux fois moins), en particulier le Moustique tigre (Aedes albopictus). D’après les auteurs, ces résultats montrent que le népétalactol fonctionne bien comme un répulsif naturel contre ces insectes. Ainsi, le comportement de frottement aide à protéger les chats contre les piqûres de moustiques, et le népétalactol fournirait une défense chimique contre ces derniers.

Mais cette solution antimoustique a-t-elle motivé en premier lieu ces comportements ou sont-ils apparus secondairement ? D’après les auteurs, de nombreux félins « comptent sur la furtivité pour traquer et piéger leurs proies », ce qui les oblige à rester calmes et immobiles. Un répulsif qui « réduit leur susceptibilité à la fois à l’irritation des moustiques piqueurs et aux maladies que ces insectes vecteurs véhiculent est susceptible de leur apporter un fort avantage sélectif ». Cela explique pourquoi cette caractéristique a été retenue par de nombreuses espèces de chats, mais cela « n’explique pas pourquoi le comportement n’a évolué que chez les félins »…

Des études complémentaires restent à mener pour évaluer l’efficacité et la faisabilité de ce nouveau type de répulsif anti-moustiques !

L’étude complète est à lire ici.

 

** Que signifie « miaou  » ?

Bien que le Chat domestique soit probablement l'animal de compagnie le plus répandu dans le monde et interagisse de manière complexe et multiforme avec l'homme, la relation homme-chat et la communication réciproque ont reçu beaucoup moins d'attention par rapport, par exemple, à la relation homme-chien. L'objectif de la présente étude était d'étudier dans quelle mesure les humains adultes reconnaissent les vocalisations du chat, à savoir les miaulements, émis dans trois contextes différents : l'attente de nourriture, l'isolement et le brossage.

Un deuxième objectif était d'évaluer si le niveau d'empathie humaine envers les animaux et les chats et le sexe du participant influenceraient positivement la reconnaissance des vocalisations du chat. 225 participants ont été invités à remplir un questionnaire en ligne destiné à évaluer leurs connaissances sur les chats et à évaluer leur empathie envers les animaux. Ils ont aussi dû écouter 6 miaulements de chat enregistrés dans trois contextes différents et préciser le contexte dans lequel ils étaient émis et leur valence émotionnelle. Moins de la moitié des participants ont pu associer les vocalisations des chats au contexte correct dans lequel elles ont été émises ; le miaulement le mieux reconnu était celui émis en attendant de manger.

Les participantes et les propriétaires de chats ont montré une plus grande capacité à classer correctement les vocalisations émises par les chats pendant le brossage et l'isolement. Un niveau élevé d'empathie envers les chats était significativement associé à une meilleure reconnaissance des miaulements émis pendant l'isolement. Concernant la valence émotionnelle des miaulements, il est apparu que les vocalisations de chat émises lors de l'isolement sont perçues par les personnes comme les plus négatives, alors que celles émises lors du brossage sont perçues comme les plus positives.

Dans l'ensemble, il est apparu que, bien que le miaulement soit principalement une vocalisation dirigée vers l'homme et représente en principe un outil utile pour les chats pour communiquer des états émotionnels à leurs propriétaires, les humains ne sont pas particulièrement capables d'extraire des informations précises des vocalisations des chats et montrent une capacité limitée de discrimination basée principalement sur leur expérience avec les chats et influencée par l'empathie envers eux… Il nous reste encore beaucoup à apprendre !

L’étude complète est disponible ici.
 

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